Le préavis de grève constitue une étape fondamentale dans l'exercice du droit de grève en France. Cette procédure, encadrée par le Code du travail et différente selon les secteurs, permet aux salariés d'exprimer collectivement leurs revendications tout en respectant un cadre légal précis. Comprendre les mécanismes du préavis de grève en 2025 s'avère essentiel pour les organisations syndicales, les salariés et les employeurs confrontés à cette situation.
Les démarches pour faire un préavis de grève

Le contenu du préavis
Le préavis de grève doit obligatoirement comporter plusieurs éléments essentiels pour être valide juridiquement. Les organisations syndicales doivent préciser dans leur document les motifs de la grève, qu'il s'agisse de revendications salariales, de conditions de travail ou de désaccords sur l'organisation de l'entreprise. Le préavis doit également mentionner clairement la date et l'heure du début de la grève envisagée, ainsi que sa durée prévisionnelle lorsqu'elle est connue.
Requêtes des grévistes
Les revendications constituent le cœur du préavis de grève. Elles doivent être formulées de manière claire et précise pour permettre à l'employeur de comprendre les attentes des salariés et d'engager éventuellement des négociations. Ces requêtes peuvent porter sur des augmentations salariales, l'amélioration des conditions de travail, le maintien de l'emploi, ou encore des questions d'organisation du temps de travail. La précision des revendications facilite l'ouverture de discussions constructives entre les parties.
Durée de la grève
La durée de la grève peut être déterminée ou indéterminée selon la stratégie adoptée par les organisations syndicales. Une grève à durée déterminée, mentionnée dans le préavis, permet aux salariés de planifier leur participation et aux employeurs d'anticiper l'impact sur l'activité. À l'inverse, une grève à durée indéterminée maintient une pression constante jusqu'à satisfaction des revendications ou conclusion d'un accord.
Modalités de transmission
Par écrit
La transmission du préavis de grève doit impérativement s'effectuer par écrit pour garantir sa validité juridique. Les organisations syndicales utilisent généralement une lettre recommandée avec accusé de réception, permettant de prouver la date d'envoi et de réception du document. Cette formalité écrite peut également être complétée par une remise en main propre contre décharge ou par voie électronique avec accusé de réception, selon les usages de l'entreprise ou de l'administration concernée.
Délais à respecter
Les délais de préavis varient considérablement selon le secteur d'activité. Dans le secteur privé, aucun délai de préavis n'est imposé par la loi, sauf dispositions conventionnelles contraires. Les salariés peuvent donc faire grève sans préavis, à condition que le mouvement soit collectif et vise à défendre des revendications professionnelles. En revanche, dans la fonction publique, un préavis de cinq jours francs est obligatoire avant le déclenchement de la grève. Ce délai court à partir de la notification du préavis à l'autorité hiérarchique ou à la direction de l'établissement.
Les conséquences du préavis de grève
Effets sur l'entreprise
Le dépôt d'un préavis de grève génère des conséquences immédiates pour l'entreprise ou l'administration concernée. L'employeur doit anticiper les perturbations potentielles de l'activité et mettre en place, le cas échéant, un service minimum dans les secteurs où cette obligation existe. La période entre le dépôt du préavis et le début effectif de la grève constitue souvent une opportunité de négociation permettant d'éviter le conflit social ou d'en limiter l'ampleur.
Financement et rémunération
La participation à une grève entraîne automatiquement une retenue sur salaire proportionnelle à la durée de l'arrêt de travail. Cette retenue s'applique selon la règle du trentième indivisible dans la fonction publique, tandis que dans le secteur privé, elle correspond généralement au temps exact non travaillé. Les organisations syndicales peuvent mettre en place des caisses de grève pour soutenir financièrement les grévistes, mais l'employeur n'a aucune obligation de maintenir la rémunération pendant la période de grève.
Droits des salariés
Protection juridique
Le droit de grève bénéficie d'une protection constitutionnelle en France. L'exercice normal du droit de grève ne peut justifier ni sanction disciplinaire, ni licenciement, ni discrimination. Les salariés grévistes conservent leur contrat de travail, qui est simplement suspendu pendant la durée du mouvement. Toute mesure de rétorsion contre un gréviste constitue une entrave au droit de grève, passible de sanctions pénales pour l'employeur.
Rémunération pendant la grève
Pendant la grève, les salariés ne perçoivent pas leur rémunération pour les heures ou jours non travaillés. Toutefois, certaines situations particulières peuvent donner lieu à maintien partiel du salaire, notamment lorsque des accords d'entreprise le prévoient ou en cas de lock-out abusif de l'employeur. Les primes et avantages liés à la présence effective au travail sont également impactés par la participation à la grève.
Le droit de grève dans la fonction publique
Les spécificités du préavis de grève
Dans la fonction publique, le préavis de grève répond à des règles spécifiques plus strictes que dans le secteur privé. Seules les organisations syndicales représentatives peuvent déposer un préavis de grève, qui doit être notifié cinq jours francs avant le début du mouvement. Ce délai permet à l'administration d'organiser la continuité du service public et d'engager des négociations avec les représentants du personnel.
Le préavis doit préciser les motifs du recours à la grève, son champ géographique et professionnel, ainsi que sa durée lorsqu'elle est limitée. Dans certains services publics essentiels comme les transports, l'éducation ou la santé, des obligations de service minimum peuvent s'imposer, nécessitant une déclaration individuelle d'intention de participer à la grève quarante-huit heures avant le mouvement.
Règles et obligations à respecter
Règles et obligations à respecter
Les agents de la fonction publique doivent respecter plusieurs obligations lorsqu'ils exercent leur droit de grève. La cessation du travail doit être totale et collective, les grèves perlées ou tournantes étant interdites dans la fonction publique. Les fonctionnaires occupant des postes d'autorité ou participant à des services essentiels peuvent voir leur droit de grève limité ou interdit par la loi.
La réquisition constitue une prérogative de l'administration permettant d'assurer la continuité du service public en cas de grève. Les agents réquisitionnés doivent reprendre leur poste sous peine de sanctions disciplinaires, voire pénales. Cette mesure exceptionnelle doit être justifiée par des nécessités impérieuses et proportionnée aux besoins du service.
Études de cas
Exemples de préavis de grève réussis
Les mouvements sociaux couronnés de succès partagent souvent des caractéristiques communes dans la rédaction et la gestion de leur préavis de grève. Les préavis clairs, accompagnés de revendications précises et réalistes, facilitent l'ouverture de négociations constructives. La mobilisation de décembre 2019 contre la réforme des retraites illustre l'importance d'un préavis unitaire et d'une communication efficace pour maintenir la pression sur les décideurs.
Les grèves sectorielles dans les transports ou l'éducation démontrent régulièrement l'efficacité d'un préavis bien préparé, associé à une stratégie de communication publique. La capacité des organisations syndicales à maintenir l'unité d'action et à adapter leurs revendications au fil des négociations constitue souvent un facteur déterminant du succès.
Échecs de préavis et leçons apprises
Les échecs de mouvements de grève révèlent souvent des faiblesses dans la préparation ou l'exécution du préavis. Un préavis mal rédigé, avec des revendications floues ou irréalistes, compromet les chances de négociation et de mobilisation. L'absence de consultation préalable de la base syndicale peut également conduire à une faible participation et à l'échec du mouvement.
Les grèves sans préavis dans le secteur public, bien qu'illégales, témoignent parfois de tensions sociales exacerbées mais se soldent généralement par des sanctions et une perte de légitimité. Les mouvements désorganisés ou les grèves sauvages peinent à obtenir des résultats concrets et peuvent détériorer durablement le dialogue social dans l'entreprise ou l'administration concernée.
Conclusion
Le préavis de grève représente un outil fondamental du dialogue social en France, permettant l'expression collective des revendications professionnelles dans un cadre légal défini. Sa maîtrise technique et stratégique conditionne largement le succès des mouvements sociaux. Pour les salariés comme pour les employeurs, comprendre les mécanismes du préavis de grève favorise un dialogue social constructif et la recherche de solutions négociées aux conflits du travail.
Face aux évolutions du monde du travail et aux nouvelles formes de mobilisation, le préavis de grève demeure un instrument essentiel de régulation des relations professionnelles, garantissant l'équilibre entre le droit constitutionnel de grève et la nécessité de maintenir l'activité économique et les services publics.