Ces Français vont-ils enfin pouvoir adopter des petits Haïtiens ?

Mardi 16 mars 2021 à 5:06 - Par Pascale DanyelFrance Bleu OccitanieFrance Bleu
Mazamet

Le Conseil d'État a été saisi par 39 Français qui désespèrent de voir leur demande d'adoption de petits Haïtiens aboutir. Depuis le meurtre d'un couple d'adoptants français en 2019, un arrêté ministériel bloque les adoptions dans ce pays. Une Tarnaise fait partie des adoptants, elle témoigne.

39 Français font un recours collectif devant le conseil d'état.39 Français font un recours collectif devant le conseil d'état. © Radio France - Laurence Cormouls-Houlès

Depuis le meurtre d'un couple d'adoptants français en 2019 en Haïti, un arrêté ministériel bloque les adoptions dans ce pays des Caraïbes. Le Conseil d'État a été saisi par 39 Français qui désespèrent de voir leur demande d'adoption aboutir. Laurence Cormouls-Houlès travaille à cheval sur Mazamet, Castres et Carcassonne. Cette Tarnaise a fait sa demande en 2013, elle avait presque perdu espoir, mais avec ce recours collectif devant la justice elle veut y croire encore :

"L'union fait la force. En faisant ce recours, j'ai repris de l'espoir en voyant que je n'étais pas la seule."

Cette femme de 45 ans qui attend d'adopter depuis maintenant huit ans essaye de mettre des mots sur ce qui lui arrive : "C'est une douleur, une peine qui n'est pas démontrable. On ne connaît rien des enfants, mais c'est toute notre vie. On se retrouve à 39 pour ce recours, on est la famille des 39."

Face à une logique administrative et politique, la quadragénaire avait presque baissé les bras : "On avait l'impression de n'être qu'un numéro, un dossier. Il n'y avait rien d'humain. Même si on est débouté, on espère qu'on sera entendu."

Demande rejetée sur la forme, mais pas sur le fond

Ce lundi soir le Conseil d'État a rejeté la demande de référé des 39 Français, estimant qu'il n'y avait pas d'urgence à statuer. Mais le dossier sera à nouveau jugé sur le fond avant l'été prochain, probablement en mai. L'avocat des adoptants, Maître Benjamin Ingelaere, a bon espoir d'obtenir gain de cause :

Tout n'est pas perdu, au contraire, car le fond du dossier n'a pas été abordé. Nous avons bon espoir d'obtenir une décision d'annulation définitive (de l'arrêté ministériel, ndlr)."

La robe noire estime que cette situation est ubuesque : "Les agréments sont mis en place, les enfants attendent d'être adoptés, et la France se cache derrière des problèmes sécuritaires alors que les outils digitaux permettraient d'assurer le lien avec les enfants là-bas. C'est ubuesque."

L'avocat souligne enfin que "la France est le seul pays de l'Union européenne ayant décidé d'interdire provisoirement les adoptions en provenance d'Haïti."

Une seul adoptante habite dans la Région Occitanie, les autres habitent Paris et la Normandie.